Une évaluation initiale de l'intervention de Rockefeller YieldWise en Tanzanie indique que l'approche à plusieurs composants a fourni des leçons importantes , en particulier en ce qui concerne l'importance d'établir des liens dans la chaîne d'approvisionnement du maïs. En Tanzanie, où le maïs est un aliment de base majeur, cette approche ciblait plusieurs dimensions de la chaîne d'approvisionnement du maïs. Celles-ci sont liées à des facteurs tels que la promotion des progrès dans la formation et l'adoption de technologies efficaces de réduction des pertes, l'accélération des efforts pour étendre les capacités d'agrégation, la création de liens dans la chaîne d'approvisionnement et une prise de conscience accrue de la nécessité prioritaire de réduction des pertes après récolte .

En février 2020, le Dr Steve Sonka s'est rendu en Tanzanie pour identifier les enseignements tirés des activités de YieldWise dans la chaîne de valeur du maïs. Au cours de cette recherche sur le terrain, il a mené des entretiens avec des personnes de toute la chaîne de valeur du maïs, y compris des agriculteurs, des agrégateurs, des détaillants, des transformateurs et des bailleurs de fonds. Cette évaluation fait partie d'un effort plus vaste mené par le Consortium et dirigé par « Ed Snider Center for Enterprise and Markets » de l'Université du Maryland. Le Centre a déjà réalisé deux évaluations de l'intervention YieldWise dans la chaîne de valeur de la mangue au Kenya . Une évaluation plus approfondie en Tanzanie est prévue plus tard en 2020.

Les responsables de la mise en œuvre de l'initiative YieldWise ont organisé une formation avec les petits exploitants agricoles et les coopératives d'agriculteurs axées sur 1) pourquoi les technologies de réduction des pertes après récoltes sont nécessaires et 2) comment elles peuvent être utilisées efficacement. Lors des entrevues avec le Dr Sonka, les participants ont indiqué que la formation était très efficace. Le fait de savoir pourquoi et comment utiliser les techniques et technologies de réduction des pertes après récoltes a été cité comme un avantage important. En outre, les agriculteurs et les représentants des coopératives ont mentionné l'importance de faire participer les fabricants et les détaillants de technologie pendant une partie de la formation. Cela a permis aux agriculteurs et aux coopératives d'établir des liens directs pour commander et faire des achats. Ces liens n'étaient pas facilement disponibles avant la formation et étaient considérés comme un élément important du processus de formation.

Les liens commerciaux ne se limitaient pas seulement à ceux établis entre les agriculteurs et les fournisseurs de technologie. Des liens et des relations importantes ont été établis entre les agriculteurs, les agrégateurs et les transformateurs. En règle générale, l'accès des petits exploitants aux marchés pour vendre leurs céréales est un défi caractérisé par une incertitude considérable. Souvent, le «marché» n'existe que lorsqu'un acheteur de céréales se trouve physiquement à la ferme. En général, les agriculteurs disposent d'informations limitées sur le prix approprié du maïs, à l'exception du prix proposé par l'acheteur à ce moment-là. De plus, l'agriculteur ne sait pas si cet acheteur reviendra ou si un autre acheteur émergera à l'avenir. Une composante de l'initiative YieldWise s'est concentrée sur l'établissement de capacités d'agrégation qui peuvent réduire ces incertitudes. Dans certains cas, les coopératives d'agriculteurs offrant un meilleur accès aux marchés céréaliers sont également alignées sur les coopératives qui fournissent des semences, des intrants et des technologies ainsi que des financements. Le cas de l’Iringa Hope en est bel exemple.

Les agrégateurs et les transformateurs ont également souligné la valeur de ces liens car ils facilitaient l'accès à des céréales de meilleure qualité. Les transformateurs ont déclaré qu'un avantage important de l'effort de YieldWise était leur capacité accrue à obtenir du maïs «propre et sec». En outre, au cours des entretiens avec les transformateurs et les agriculteurs, la prise de conscience accrue des effets néfastes de la contamination par l'aflatoxine et de la mauvaise utilisation des produits chimiques dans le stockage a été soulignée. Cette prise de conscience démontre le succès de l'initiative YieldWise dans l'éducation des participants à la chaîne de valeur quant à la relation entre les pratiques post-récolte et les résultats potentiels pour la santé. Ce résultat est un pas en avant pour faire en sorte que des pratiques plus sûres de manutention et d'entreposage du grain deviennent une priorité.

Les entretiens d'évaluation ont documenté l'utilisation accrue des sacs hermétiquepour stockage . Cependant, cette technologie de stockage était presque exclusivement utilisée pour stocker les graines pour la consommation domestique uniquement. Le coût des solutions de stockage hermétiques signifiait que les méthodes traditionnelles de stockage et de transport étaient encore utilisées pour les céréales destinées aux circuits commerciaux. En outre, les producteurs de maïs ont déclaré qu'ils auraient également intérêt à utiliser la technologie des silos métalliques. Cependant, un marché commercial efficace pour les silos ne s'est pas développé en Tanzanie.

La sensibilisation accrue des agriculteurs et des transformateurs aux dangers de la contamination par l'aflatoxine et de la surutilisation des pesticides chimiques est une dimension de l'impact de sensibilisation de YieldWise. Les personnes interrogées dans le cadre de l'évaluation ont également cité le travail de YieldWise visant à sensibiliser le public et le gouvernement aux pertes après récolte en tant que problème de société. Ces efforts ont contribué à l'élaboration de la stratégie nationale de gestion post-récolte par le Ministère de l'agriculture de la Tanzanie. Cette stratégie nationale a été publiée dans la seconde moitié de 2019.

Dans un proche avenir, le Consortium mènera une autre série d'entretiens en Tanzanie pour étudier plus avant l'efficacité de l'Initiative YieldWise. Les résultats des deux séries d'entretiens seront publiés dans des articles universitaires, des blogs et sur le site Web du Consortium.